Autobiographie, biographie, témoignage

« L’ogre des Ardennes » de Stéphane Bourgoin

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Maison de Michel Fourniret à côté de son jardin d’enfant, récemment fouillé.

je recommande

Résumé : 

Pendant des années, il a agi en toute impunité. Depuis sa première condamnation en 1966, à l’âge de vingt-quatre ans, près de 40 ans de la vie d’un prédateur sexuel qui a su profiter des failles du système judiciaire et du manque de communication entre les différents services de police. A l’une de ses victimes en 2003, Michel Fourniret affirme  : «  Je suis pire que Dutroux  ».

Le 28 mai 2008, Michel Fourniret écope d’une réclusion criminelle à perpétuité incompressible pour sept assassinats, viols et enlèvements. Son épouse et complice Monique Olivier est aussi condamnée à la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 28 ans.

En novembre 2018, il est jugé pour le meurtre de Farida Hamiche, commis le 12 avril 1988, pour s’emparer du trésor du «  Gang des postiches  ». Le 16 février 2018, «  L’ogre des Ardennes  » reconnaît les assassinats de Marie-Angèle Domece et de Joanna Parrish, tuées en 1988 et 1990, pour lesquels il doit passer en jugement en 2019.
Mais le passé criminel de Fourniret recèle encore beaucoup de zones d’ombre, notamment entre 1990 et 2000…

Ce livre-témoignage retrace le terrible parcours du couple Fourniret-Olivier, mais il donne aussi la parole aux victimes et à leurs proches, aux enquêteurs, aux magistrats et avocats parties prenantes dans la traque d’un des pires tueurs en série ayant sévi en France et en Belgique.

Mon avis :

Je ressors complètement ébranlée de cette lecture…J’en ai pourtant lu des livres sur les serial killer mais là… Est-ce parce que c’est un tueur français, ce qui le rend plus proche, plus palpable, plus réel?…Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. En tout état de cause, ce bouquin m’a fait cauchemarder et je comprends ce que Stéphane Bourgoin a ressenti en écrivant ce livre :

« Ecrire, tourner des reportages et participer à des conférences à leur sujet incarnent, à mes yeux, une forme de catharsis qui me permet d’évacuer et de mettre toute cette noirceur à distance. En quelque sorte, je me « sors » ces serial killer de la peau. Avec Michel Fourniret et Monique Olivier, je n’y suis pas parvenu. L’écriture de cet ouvrage m’a marqué, choqué, bouleversé, déstabilisé même. »

Et effectivement comment ne pas être bouleversé par cet enchainement de viols et de meurtres, par cette froideur, ce sadisme et ce narcissisme à outrance dont Fourniret fait preuve lors de ses entretiens avec le psychiatre expert. Comment comprendre la complicité de sa femme, qui est, je l’apprendrais alors, quelqu’un de très intelligent (131 de QI) et de dissimulateur (Elle est née à Tours celle là aussi…avec la folle qui congèle ses bébés on est lotis !). Le cocktail explosif de deux grands malades…Comment peut-on ? Mais comment?

Alors je vous le dis, on ne trouve pas la réponse parce qu’il n’y en a pas. Rien n’est excusable, rien n’est compréhensible à ce niveau là d’inhumanité. Je connaissais très peu Fourniret, ses crimes, son enfance, sa vie… Je connaissais juste sa quête obsessionnelle de virginité à travers les enlèvements de jeunes filles qu’il commettait avec sa femme et son fils de 1 an qui servait d’appât. Dans ce livre, Stéphane Bourgoin retrace son parcours criminel, sa vie, ses traumatismes, il raconte l’enfant, l’amant, le père, ses mains disproportionnées d’étrangleur…Les expertises psychiatriques des deux monstres sont retranscrites et sont très intéressantes bien qu’extrêmement perturbantes à lire.

Quelques extraits :

Monique Olivier : « J’ai donc accepté de laisser Fourniret prendre son plaisir là où il le trouvait, même si je savais qu’il sacrifiait des gamines. Se faire violer on en meurt pas. »

Michel Fourniret (à propos de Monique Olivier) : « Elle, elle s’est façonnée à mon image et je ne la punissais pas, je l’ai soumise à des jeux de manipulation et elle n’avait pas voix au chapitre Elle n’avait fait aucune difficulté à donner son corps à un militaire (virginité) et elle me donnait son âme »

Michel Fourniret (à propos des victimes) : « En fait quand je leur donne la mort, je mets fin à leur éventuel futur traumatisme et leurs familles devraient me remercier d’avoir accompli le geste ultime et irréparable. »

L’analyse de la dynamique du couple qui nous permet de comprendre comment ils fonctionnaient est très éclairante car ça a cassé toutes les idées préconçues que j’avais à ce sujet. Le mythe « dominant/dominé » s’effondre très rapidement.

Pour les « fans » de psychocriminologie, n’hésitez donc pas à vous procurer ce livre fort documenté (entretiens des victimes, des familles, des enquêteurs, des psy, photos, chronologies, documents des tests psychatriques…) mais attention aux âmes sensibles, ça retourne vraiment.

 

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