Interview

Les confidences d’Anne-Gaëlle Huon

Le 4 avril dernier j’étais invitée à découvrir le nouveau roman d’Anne-Gaëlle Huon, « Même les méchants rêvent d’amour », à la librairie « Comme une orange » à Paris. Un moment délicieux pour la blogueuse littéraire que je suis.

J’ai fini ce roman il y a quelques jours avec la gorge nouée et une douce explosion d’émotion dans le cœur. Je vous laisse prendre un thé, installez-vous confortablement et laissez-vous bercer par les confidences d’Anne-Gaëlle…

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Bonjour Anne-Gaëlle ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

J’ai 34 ans, j’habite à Paris. J’aime écrire des romans avec des vieilles dames pour héroïnes. Je ris trop fort et je suis imbattable à cache-cache.

 

Le 3 avril dernier sortait aux Éditions Albin Michel ton troisième roman, « Même les méchants rêvent d’amour », où tu mets en scène les souvenirs de Jeannine, attendrissante petite mamie, qui ouvre les portes de sa mémoire défaillante à sa petite fille, Julia. Comment a germé dans ton esprit l’idée de ce roman ? S’est-elle imposée à toi naturellement ?

mechantsCe roman est inspiré d’une histoire vraie. Ma grand-mère Jeannine, qui s’est occupée de moi quand j’étais enfant, m’a confié un carnet dans lequel elle me révélait le plus grand secret de sa vie. Les hasards de la vie ont fait que je n’ai pas pris le temps de le lire jusqu’à mon déménagement. Au même moment, ma grand-mère a commencé à perdre la mémoire… J’ai entamé une course contre la montre pour faire la lumière sur les non dits, les zones d’ombre de son récit… Et puis j’en ai fait un roman, en glissant entre les pages quelques personnages issus de mon imagination.

Si tu devais décrire ton roman en 3 mots :

Nostalgie, secret, optimisme.

Si on suit un peu tes stories Instagram, nous savons que tu as besoin d’aller à la rencontre des gens de métier, des odeurs, des paysages, pour écrire. Raconte-nous un peu comment cela s’est passé pour ce roman ?56226294_136308170838010_3109882536759567418_n.jpg

Oui, j’ai besoin de m’inspirer du réel pour écrire… et de sortir de mon quotidien. Pour ce roman, je suis allée notamment à Aups, petit village dans l’arrière-pays provençal, capitale de la truffe. J’y ai rencontré des gens hauts en couleurs, et en particulier un jeune trufficulteur, son beau-père et son chien. Nous avons passé une après-midi dans les champs, où il m’a montré un peu de son quotidien. Et tous trois sont devenus des personnages du roman. Ces moments sont précieux car ils m’inspirent des scènes fortes, et des personnages très incarnés. Je vous invite à découvrir ce village et son musée de la truffe !

Oindex.jpgn se souvient que dans « Le bonheur n’a pas de rides », c’est Paulette qui était sur le devant de la scène. Tu as une tendresse particulière pour nos anciens. Et toi Anne-Gaëlle, quelle petite grand-mère rêverais-tu de devenir?

J’aime beaucoup cette question ! 🙂 J’aimerais être un peu comme Jeannine : une grand-mère lumineuse, chaleureuse, optimiste, qui fabrique des souvenirs avec lesquels on se construit. Une grand-mère qui chante, qui danse, et dont la maison est toujours ouverte pour ses petits-enfants. C’est important ces liens qui se tissent entre générations. Une façon de donner un visage à l’Histoire.

Anne-Gaëlle, parlons un peu de toi, quand t’es-tu dis que c’était le moment de partager les histoires qui sommeillaient en toi ?

A l’école et ensuite au collège, j’étais la première à sauter de joie quand on devait faire des rédactions. La directrice m’envoyait lire mes textes dans toutes les classes, et j’aimais bien ça. J’y mettais le ton, je faisais rire les élèves… Ce sont des très bons souvenirs. En revanche, je ne me suis autorisée à m’imaginer écrivain que très récemment. Dans mon idée, cela était réservé aux gens qui étaient « du milieu ». Je viens A1CI4XOohVL._UX250_.jpgd’un univers sans lien avec le monde de l’édition, pas du tout parisien. L’auto-publication m’a ouvert une porte. En proposant mes textes directement aux lecteurs via Amazon, et en voyant qu’ils plaisaient, je me suis dit que peut-être il y avait là matière à rêver… et à y croire.

Certains auteurs ou autrices ont des méthodes d’écriture particulières comme suivre un schéma précis, annoter leurs idées dans un carnet, écrire dans le silence ou en musique, en journée ou la nuit…as-tu des rituels ?

La naissance d’un roman est toujours un moment douloureux. Le seul rituel que j’ai est de me dire que je n’y arriverai jamais ! J’ai la tête qui bouillonne d’idées, de scènes, de dialogues mais j’ai tendance à penser que toutes les histoires ne méritent pas d’être écrites. Un peu comme le héros du film le Sixième Sens, je vis avec des personnages qui m’accompagnent partout et qui veulent prendre la parole, mais je dois faire la police et leur dire d’attendre leur tour. C’est un grand bazar dans ma tête (et dans mes notes, j’ai beaucoup de petits carnets partout) et je ne crois pas encore avoir trouvé de méthode qui mérite d’être imitée ! En revanche les petits voyages d’écriture et d’inspiration dont je parlais plus tôt, comme celui que j’ai fait à Aups, me sont indispensables. Tout comme le silence, sauf quand j’écris des scènes de danse et de liesse !

Allez rien que pour nous, raconte-nous ton pire et ton meilleur souvenir de dédicaces ?

Le meilleur est sans doute cette dédicace à Chartres en librairie. Un couple est entré et la dame a fondu en larmes. C’était une personne qui me suivait depuis longtemps sur Instagram, et pour son anniversaire, son mari l’avait conduite jusqu’à moi. Ils s’étaient levés à 6h du matin et avaient fait plusieurs heures de route pour me voir… C’était un moment très émouvant. Nous avons ensuite déjeuné ensemble pour fêter cette belle rencontre !54513473_130780901327082_4363921343291636339_n

Le pire souvenir était ma toute première dédicace. Je venais d’auto-publier mon roman sur Amazon. J’en avais fait imprimer quelques exemplaires papier et je me suis installée pour les vendre dans la résidence où habite ma mère, près de la piscine. Il y a énormément de monde l’été et je m’étais dit que les vacanciers seraient peut-être intéressés par découvrir mon roman… Après tout, beaucoup de gens prennent le temps de lire au bord de la piscine, non ? J’avais ma pile de livres, mon stylo prêt à dégainer. Personne ne s’est arrêté. Au mieux, ils m’adressaient un petit sourire gêné. A la fin de la journée, alors que je rangeais mon stand (un peu dépitée), un homme m’a acheté un livre pour sa femme. Il m’a dit « Quand vous en vendrez des milliers, je pourrai dire que j’étais le premier ». La classe à Dallas.

Quels sont tes projets pour la suite? Un autre roman est-il déjà dans un coin de ta tête ?

Oui ! Il y en a même plusieurs. Mais la question est de choisir le bon et surtout de savoir si je vais arriver à les écrire (cf. question numéro 7). Mais je garde l’optimisme avec moi : j’ai un car de supporters qui m’accompagnent chaque jour en me réclamant de nouvelles histoires. Quant aux vieilles dames, elles n’ont pas fini de nous étonner 🙂

C’est un petit rituel ici désormais : Une petite photo de ta bibliothèque ou de ta pile à lire ?

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J’ai tendance à offrir les livres que j’ai lus. J’aime bien que les émotions circulent. J’ai la chance d’en recevoir beaucoup. Je ne résiste pas à les ouvrir quand je les reçois, et à lire les premiers chapitres. J’ai donc pas mal de livres « en cours de lecture »… Merci Amélie, une bise !

Merci à toi Anne-Gaëlle d’avoir bien voulu te livrer avec enthousiasme et sincérité. Je souhaite une belle route à ce nouveau roman car il le mérite vraiment !

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