« Le Jardin de l’Oubli » de Clarisse Sabard

Résumé : 

« Peu à peu, alors que le train avançait, elle se laissa emplir par la douce certitude que, désormais, sa vie lui appartenait. Elle filait vers son destin, là où rien ni personne ne pourrait plus l’entraver. »

1910. La jeune Agathe, repasseuse, fait la connaissance de la Belle Otero, célèbre danseuse, dans la villa dans laquelle elle est employée. Une rencontre qui va bouleverser sa vie, deux destins liés à jamais par le poids d’un secret.

Un siècle plus tard, Faustine, journaliste qui se remet tout juste d’une dépression, se rend dans l’arrière-pays niçois afin d’écrire un article sur la Belle Époque. Sa grand-tante va lui révéler l’histoire d’Agathe, leur aïeule hors du commun. En plongeant dans les secrets de sa famille, la jeune femme va remettre en question son avenir.

Mon avis : 

Comme à son habitude Clarisse Sabard nous livre encore un, très beau roman où nous naviguons dans une ville magnifique, Nice et son arrière pays. Pendant ma semaine de lecture, ce roman a véritablement ensoleillé mon quotidien mais aussi attisé ma curiosité.

Comme dans « Les lettres de Rose » et « La Plage de la Mariée », Clarisse surfe sur le thème des secrets de famille. Mais ce qu’il y a d’original et de différent dans ce roman-ci c’est qu’il mélange des éléments historiques authentiques de la Belle Epoque avec ceux sortant directement de l’imagination de l’auteure. Aussi, nous croisons La Belle Otero qui est omniprésente tout au long de l’histoire. Cette courtisane du début du XXème siècle devient une véritable personnage qui pimente et sert l’intrigue du début à la fin. J’avoue que je ne connaissais pas cette courtisane et l’auteure a égrainé énormément d’informations nous permettant de mieux cibler cette femme, son passé et sa vie. Et c’est à mon sens ce qui fait la force de ce roman. On sent l’énorme travail de recherches qu’elle effectue pendant l’écriture pour que les éléments s’imbriquent parfaitement entre eux (éléments architecturaux, place de la femme à cette époque, vie durant la guerre…)

L’histoire est raconté à deux époques différentes. J’ai beaucoup aimé la détermination d’Agathe, jeune repasseuse du début du siècle, qui a de grands rêves et se bat, quitte à se tromper, pour les vivre. Le personnage d’Alfred, même s’il est dur à supporter pour de multiples raisons, m’a beaucoup plu car on suit sa déchéance lentement mais sûrement : mélange d’éducation machiste et de traumatismes non guéris.

J’ai également beaucoup apprécié les personnages de notre époque actuelle tels que Faustine qui mène l’enquête, Sébastien le veuf ronchon, Margaux la copine un peu fofolle ou Caroline, la grande tante… ils sont tous bienveillants avec des caractères bien trempés. Un tout petit bémol, pour ma part, pour la partie sur les migrants qui m’a bizarrement un peu laissé de marbre, je l’avoue. Sinon, l‘humour est présent, les prises de becs aussi et il faut dire que la petite touche romantique donne une douceur non négligeable à cette atmosphère de secrets anciens qui perturbent les générations suivantes. J’ai passé un superbe moment grâce à la plume toujours aussi juste et pétillante de l’auteure.

Je remercie Les Editions Leduc et Clarisse Sabard pour m’avoir permis de découvrir ce superbe roman.